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Gagner les cœurs, secourir les blessez,

Voir par ton soin les bons recompensez,
Prendre conseil, executer toy-mesme,
Avoir recours à l’arbitre supresme,
Et de l’honneur suivre le beau sentier,
En peu de mots, c’est faire son mestier.
« Quand au surplus, puisque le ciel ordonne
Que du beau chef qui porte ma couronne,
Et dont l’esclat est si tendre et si fort,
Ton cœur loyal soit le ferme support,
Sers-luy de pere, embrasse sa deffance,
Ayde si bien à son aymable enfance
Qu’il brille un jour sur les roys les meilleurs,
Comme ses lys font sur les autres fleurs.
Aide à sa mere, à cette auguste reine,
À soustenir la charge souveraine ;
Seconde-la dans ses nobles projets ;
Que ses vertus te soient autant d’objets
À t’enflamer au bien de cet empire ;
Jamais ton ame autre ardeur ne respire,
Jamais soucy, jamais autre dessein
N’entre en ta teste et ne vive en ton sein.
Tu sçais assez ce que peut la concorde,
Sans qu’en ce lieu je touche cette corde ;
Tu sçais assez qu’elle est dans les estats
Le seul bouclier contre les attentats :
Voilà pourquoy je te la recommande.
C’est un sujet digne de ma demande,
Et qui fera que, comblé de bonheur,
Du cher Louis tu maintiendras l’honneur.
Dieu ! qu’il me plaist ! que son front a de grace !
Jamais icy ce bel astre ne passe
Suivy d’un autre admirable en clarté,
Que de douceur je ne sois transporté.