Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/413

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Mon esperance enfin n’est point trompée ;
Aux hauts projets ton ame est occupée ;
Ton sang bouillonne et ton bras vigoureux
Va foudroyer l’ennemy malheureux.
C’est là, c’est là le degré legitime
Par où l’on monte au faiste de l’estime ;
C’est le chemin qu’autresfois j’ay tenu
Pour parvenir où je suis parvenu.
Les durs combats, d’eternelle memoire,
Qui dans ce lieu font revivre ma gloire ;
Les chefs doutez, l’orgueil que sans mercy
D’un pied vainqueur je foule encor icy,
Et tant d’exploits, tant d’illustres exemples,
Sont à tes yeux des preuves assez amples
De cette belle et claire verité
Que je consacre à ma posterité.
« Ha ! qu’à mon goust un prince de ta taille
À bonne grace au front d’une bataille !
Qu’un fer brillant luy sied bien à la main
Contre l’lbere ou contre le Germain !
Il m’est advis queje m’y trouve encore ;
ll m’est advis que le soleil redore
Mon noble glaive au milieu des dangers,
Et qu’à l’aspect d’un fier gros d’estrangers
Qui m’ose attendre, et qu’à la mort je voue,
Un gay zephire à mes plumes se joue ;
Que mon coursier aux trompettes respont,
Et que la charge on sonne sur ce pont.
« Sus donc avant ! pousse ton entreprise ;
Fay qu’en l’ardeur dont ton ame est esprise
Tout corresponde au rang d’un fils de roy.
Estre à cheval jour et nuit comme moy,
Coucher armé, tenir un si bel ordre
Que les jaloux n’y treuvent rien à mordre,