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EPISTRE HEROI-COMIQUE

À Monseigneur le Duc d’Orléans, lors que Son Altesse estoit au siege de Gravelines.


Tandis, Gaston, qu’un beau desir de gloire
Te porte aux coups, t’anime et te fait boire,
Chaud comme braize et parmi cent perils
D’un noir breuvage enclos dans des barils
Non de merrain, mais d’un metal qui tonne,
Qui fume, esclaire, siffle, crache et donne
Au plus hardy quelque atteinte d’effroy,
S’il n’a le cœur aussi ferme que toy ;
Tandis qu’armé tu fais reduire en cendres
Le dur pourpoint des bastions de Flandres,
Et que tu vois secouer le jarret
À maint soudart comme à quelque gorret,
Qui crie au meurtre et se demeine en diable,
Quand le tranchant d’un fer impitoyable
Le sacrifie à l’honneur d’un festin,
Et pour la gueule esgorge son destin ;
Bref, cependant que de ta large bource
Tu fais couler ainsi que d’une source
Un long ruisseau de qui les flots dorez
Charment la soif des drilles alterez,
Ton gros Virgile, ayant au poing le verre,
Fait mille vœux au demon de la guerre
Pour ton salut et ta prosperité,
Et jour et nuict s’empifre à ta santé.
Ha ! royal Duc, si sur tes riches armes
Quelqu’autre Alcine experte aux plus grand charmes,