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SONNET.


Quand je la voy, cette gorge yvoirine
Où l’oyseau-dieu souvent se va nicher,
Comme un goilan qui sur quelque rocher
Fait ses petits au bord de la marine ;

Quand je la voy, cette main qui burine
D’un trait aigu ce nom qui m’est si cher,
Dessus mon cœur, j’ars[1], ainsi qu’un buscher,
D’un feu qui plaist à ma gente Corine.

Son poil, son œil, son tant aymable vis[2]
Accompagné d’un gracieux devis,
Plonge mes sens dans un doux fleuve d’aise ;

Et quand je songe à tout le demeurant
Que sous sa robe en mon ame je baise,
De trop d’amour j’expire en soupirant.

  1. Je brûle.
  2. Visage.