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Qui de vray gros me ravira le titre,
Et l’effectif, l’aymable Saint-Laurens[1],
Pareils en mœurs, en taille differens,
Que je cheris, que j’estime, que j’ayme,
Et l’un et l’autre, à l’esgal de moy mesme,
Par friandise en lecherent leurs doigts,
Et ta santé s’y but plus d’une fois.
Sois donc soigneux de satisfaire aux masses
Que tes amis font à tes bonnes graces,
En attendant que j’aille quelque jour
Choquer le verre en ton noble sejour ;
Car je veux joindre, auprès de ta cuvette,
Le vin de Grave aux huistres de gravette ;
Je veux enfin voir ton quay spacieux,
Ton large fleuve aux bords delicieux,
Ton beau chasteau, ton grand port de la Lune
Qui pour couronne a mainte riche hune,
Ta belle ville où mon corps ne fut onc,
Tes capdebious[2] qui dardent un : Et donc !
Roullent les yeux, s’embaument les moustaches
D’oignons et d’aux en guise de pistaches,
S’arment le flanc de quinze pieds de fer
À chaque pas font tressaillir l’enfer,
Morguent le ciel et, haussant les espaules,
Semblent tous seuls estre l’appuy des Gaules,
Et d’un regard, d’un penser seulement,
Devoir remplir la mort d’estonnement.
Mais sçais-tu bien, de ces beaux morte-payes
Ne pense pas m’aller faire deux hayes

  1. Saint-Laurent a fait précéder d’un avant-propos de 4 pages la première édition des Chevilles de maître Adam, Paris, Quinet, 1644, in-4. — Voy. Daniel de Cosnac, Mémoires, passim.
  2. Les vers qui suivent rappellent les matamores si plaisamment mis en scène par Corneille et par Cyrano de Bergerac.