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Bien secondé du patron de la case,
Qu’avecque gloire on a veu sur Pegase,
Qui mesme encor monté sur ce destrier
Sans avantage et sans aide d’estrier,
Et dont le corps, en sa vieillesse auguste,
Tesmoigne avoir l’estomac si robuste,
Que, Dieu mercy, quoy que j’œuvre assez bien,
Son appetit a triomfé du mien.
La belle Iris, la reine de la harpe[1],
Jambette au poing franchit la contr’escarpe,
Força les murs, et des dents se fit voir
Une amazone habile à son devoir ;
Bref, nostre ardeur n’auroit fait nulle treve
Entre ce mets, la maschoire et le glaive ;
Nul lendemain n’en eust esté servy,
Si le fromage, honorent à l’envy
La riche nappe aussi blanche que neige,
N’eust dit aux yeux : Et moy, que deviendray-je ?
Mot qui nous plut et qui, bien addressé,
Fut par la trouppe aussi-tost exaucé.
Que veux-tu plus ? Maints confreres notables
Virent ce basque orner diverses tables,
Et c’estoit faire un splendide festin
Que d’en offrir une trenche au matin ;
Mais entre tous, ce franc cœur, ce bon Pitre[2]

  1. Cette femme, que Tallement nomme la Dupuis, « étoit fille d’un homme qui jouoit, et a joué jusqu’à sa mort de la harpe dans les hôtelleries d’Etampes. Elle en jouoit aussi… aussi bien que personne. » Elle devint maîtresse souveraine chez le vieillard.
  2. Nous avons déjà vu ce nom :

    Plus enfumé qu’un vieux jambon
    Ou que le bœuf salé de Pitre.

    Le marquis de Marigny-Mallenoë se nommoit Pierre. — Peut-être est-ce lui que ce nom désigne.