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J’en fus ravy, j’en admiray la gloire,
Et, retrouvant au sein de ma memoire
L’humide oracle issu du long gozier
De la Sibille à la robbe d’osier[1],
Je connu bien par la table predite
Que du joyau sur lequel je medite
Il convenoit enrichir les treteaux
Du magnifique et grand Des-Yveteaux[2],
De ce demon qui, dans la solitude,
Gouste en repos tous les fruits de l’estude,
Et dont le cœur abandonne les sens
Aux doux excez des plaisirs innocens.
Pour mettre fin, tu sçauras donc en somme
Qu’au beau sejour de ce rare et digne homme[3],

    un palais de pâte, avec de l’ail… etc. — Voici comment P. de la Varenne comprend le pâté de jambon : « Faites-le bien détremper, et, lorsqu’il sera assez dessalé, faites-le bouillir un bouillon, et ostez la peau d’auteur que vous appellez la coine ; puis le mettez en paste bise, comme la venaison, et l’assaisonnez de poivre, clou et persil. Si vous me croyez, vous le larderez aussi de mesme que la venaison. Faites-le cuire a proportion de sa grosseur : s’il est gros, pendant cinq heures ; s’il est moindre, moins de temps. Estant froid, servez-le par tranches. » Le Cuisinier françois, par le sieur de la Varenne, escuyer de cuisine de M. le marquis d’Uxelles, 2° édit., Paris, P. David, 1652, p. 146.

  1. De la bouteille clissée d’osier.
  2. Vauquelin Des Yveteaux, dom. les œuvres ont été récemment réunies et publiées, fut successivement précepteur de M. de Vendôme et du Dauphin, depuis Louis XIII. — Il mourut à 90 ans, en 1649. Voy. sa curieuse historiette dans Tallemant des Réaux (t. 2, p. 9, édit. in-18), et les Mémoires anecdotes de Segrais. — Saint-Amant parle, quelques vers plus loin, de la vieillesse auguste, sinon morale, de Des Yveteaux. En effet, le bonhomme avoit bien alors 80 ans.
  3. Sa maison étoit située dans la rue des Marais, au faubourg