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Le doux soucy de nostre grand heros
Qui des neuf preux fait autant de zeros,
Le saint miroir des vertus et des graves,
L’objet qui rend mes hyperboles basses,
Le rare honneur du sexe feminin,
La gloire mesme, au front chaste et benin,
Ayant receu sous un daiz venerable,
Ce Basque lourd, chose assez admirable,
Daigna soudain par un Suisse leger.
D’un Normand rond la chambre en obliger.
De quels cadeaux te pourrois-je decrire
L’aise que j’eus, lorsqu’en me venant dire :
« Pon chour, Mansieur[1] », ce franc Colintampon
Me dit encor : « Fous mon tame un champon
T’enfoye icy, dasticot pour ton foire ;
Ché suis grand chaut, paille à moy rien[2] pour boire ? »
Le bon Hardot suoit dessous le faix,
Comme en jouant au trique-trac tu fais,
Quand contre moy quelque traistre de sesnes[3]
D’un pesant coup te donne mille gesnes,

    épousa le comte, veuve d’Antoine de l’Age, duc de Puy-Laurens. Elle se nommoit Marguerite-Philippe du Cambout. Elle mourut le 9 décembre 1674. On trouve son éloge dans le Panégyrique du comte d’Harcourt, de François de Meaux. (Voy. ci-dessus.)

  1. Ce langage défiguré est quelquefois employé comme source de comique dans nos comédies. On trouve un curieux exemple d’un « récit à la Suisse » dans les Fleurs, fleurettes et passe-temps d’Alcide de Saint-Maurice, Paris, J. Cottin, 1666. 1 vol. in-12, p. 321. Le Suisse raconte le sacrifice d’Ahraham, et commence on ces termes : « Vou li sabre point conetre ly bon pere Albran… etc. »
  2. Quelque chose. — Et ce Suisse parloit bien Rien, qui vient de res, a toujours un sens positif, à moins d’être précédé de la particule ne, qui lui donne le sens négatif.
  3. Au jeu de trictrac on connoît le sesne ou senne (double-six).