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Fit ressentir à la gent bazanée,
Du sort des lys ores si mal-menée,
Que son lion, perturbé du cerveau,
Changeant de notte, en mugit comme un veau :
Tesmoin de Quiers la fameuse retraite[1]
Qu’avec du sang le Vieux[2] nous a portraite
Le rare Vieux, nostre cher et feal.
Qui point n’en conte en hableur ideal,
Mais en vray sire, en homme qu’on peut croire,
Lorsque d’un cas il debite l’histoire,
Et qu’il fait voir que l’esprit de Faret
À d’autres soins que ceux du cabaret :
Tesmoin, enfin, tant de fieres merveilles.
Tant de sujets de nos illustres veilles,
Qu’ont admirez et Casal et Turin,
Et que l’effort du plus hardy burin
Entre les doigts de la plus noble Muse
Qui sur Parnasse aux eloges s’amuse,
Qui les cizelle et nous fait renommer,
Au gré de Mars ne sçauroit exprimer.
Je laisse à part, pour reprendre mon stile,
Tant d’autres faits de ce second Achile,
Dont les bons dieux, ô mon brave baron !
Pour nostre bien te firent le Chyron,
Comme, peut-estre, ils m’en feront l’Homère.,
Si la vertu, ma fidelle commere,

  1. Le combat de Quiers en Piémont (1639).
  2. « Le comte d’Harcourt…, en sa jeunesse, a fait une espèce de vie de filou ou du moins de goinfre. Il avoit fait une confrérie de monosyllabes (c’est ainsi qu’ils l’appeloient) où chacun avoit une épithète, comme lui s’appelait le Rond (il est gros et court) ; Faret, le Vieux. C’est pourquoi Saint-Amant l’appeloit toujours ainsi. Pour lui, il se nommoit le Gros. » (Tallemant des Réaux, édit. in-18, t. 6, p. 157.)