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Je le revere, je l’admire ;
ll m’a fait avec de la cire
Une fortune de cristal[1],
Que je feray briller et lire
Sur le marbre et sur le metal.

C’est par luy que dans ma province
On voit refleurir depuis peu
Cet illustre et bel art de prince
Dont la matiere fresle et mince
Est le plus noble effort du feu ;
C’est par luy que de sable et d’herbe,
Dessus les champs bruslée en gerbe,
Des miracles se font chez moy,
Et que maint ouvrage superbe
Y pretend aux levres d’un roy.

Que d’industrie et de vitesse,
Quand, animé d’un souffle humain,
Un prodige en delicatesse
S’enfle et se forme avec justesse
Sous l’excellence d’une main !
Que de plaisir quand on le roue,
Quand un bras desnoué s’en joue,
Soit dans Venize ou dans l’Altar !
Et que d’ardeur mon ame advoue
Pour ce vase où rit ce nectar !

Mais cependant que je m’amuse
À caqueter de la façon,
Je ne voy pas que je m’abuse,
Que mon goust de longueur m’accuse,
Et que je fasche l’eschanson.

  1. Saint-Amant avoit obtenu du chancelier Séguier le privilége d’une verrerie, et cette verrerie, au temps du comte de Boulainvilliers, étoit encore d’une grande importance.