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Chantons, à la table où nous sommes,
À la table où le roy des hommes
Nous traitte en chers et francs voisins,
Que le jus delicat des pommes
Surpasse le jus des raisins.

Je le confesse, qu’on le croye,
Saint-Amant le dit, c’est assez :
Mon cœur, mon poulmon et mon foye,
À son esclat sautent de joye,
Et tous les soins en sont chassez :
C’est le doux honneur de septembre ;
Il m’attire dans cette chambre
Par une secrette vertu,
Et mon corps auprès de cet ambre
S’esmeut et passe pour festu.

Je ne me puis lasser d’en boire ;
Ma soif renaist en s’y noyant ;
Du muscat je pers la memoire,
Et mon œil est comblé de gloire
De le voir ainsi flamboyant.
Qu’il est frais ! qu’il est delectable !
De moy, je tiens pour veritable,
Lors que j’en trinque une santé,
Que le seul cidre est l’or potable
Que l’alchymie a tant vanté.

Page, remply-moy ce grand verre,
Fourby de feuilles de figuier,
Afin que d’un son de tonnerre
Je m’escrie à toute la terre :
Masse à l’honneur du grand Seguier !

    Saint-Amant étoit cousin du baron de Melay, à qui Saint-Amant dédie la pièce suivante. Le comte d’Harcourt porta aussi la titre de comte de Brionne.