Que nos cocqs, sur l’aigle acharnez,
Excitent les chants de nos cygnes ;
Que nos princes determinez
Aient fait rage au combat des lignes[1] ;
Que de mes vers leurs noms soient dignes,
Je trouveray cela fort beau,
Pourveu que Dieu garde nos vignes
De la gresle du renouveau.
Que nos petits oisons de cour
Usent de fausses railleries ;
Qu’ils soient ineptes en amour
Et sots en leurs galanteries ;
Qu’ils ayment les friponneries,
Je les tiendray pour gens bien nez,
Pourveu que dans nos beuveries
Ils ne fourrent jamais le nez.
Qu’à leur honte nos demy-dieux
Ne fassent rien pour ma fortune ;
Que je tracasse, pauvre et vieux,
Ou sur Cibelle ou sur Neptune ;
Qu’un dur creancier m’importune,
Je n’en auray point de soucy,
Pourveu que je trinque et petune
Avec les drosles que voicy.
Que Lysidor soit obsedé[2]
Du demon de l’inquietude ;
Qu’ayant plus qu’un Paule raudé,
Il s’obstine en cette habitude :
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