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Qu’un tarif, maintesfois changé[1],
Mette au rouet l’arithmetique ;
Qu’un artisan presque enrage
En renasque dans sa boutique ;
Que cent nouveautez on pratique,
J’en gausseray les mal-contens,
Pourveu qu’à la façon antique
Chacun de nous hausse le tens.

Qu’un superbe et gros maltotier
Érige en palais ses rapines[2] ;
Que son jeune fou d’héritier
S’abandonne aux garces poupines ;
Qu’il en ressente les espines,
J’auray des roses à souhait,
Pourveu qu’à l’ombre des chopines
Je me trouve sain et de-hait.

Qu’un endebté, qu’un criminel,
Trompe une barriere en sa chaise ;
Qu’un autre, en plein jour solennel,
S’y coule chez dame Gervaise ;
Qu’un autre y dandine à son aise,
Je trouveray cela fort bon,
Pourveu qu’en celle-ci j’appaise
Ma soif qui naist de ce jambon.

  1. En 1640, en effet, les pistoles ou louis d’or furent augmentés de 20 sols, ce qui est de dix pour cent. L’ordonnance fameuse de 1640 donne un tarif de l’or et de l’argent, qu’on trouve expliqué à la suite du Traité des monnoyes de Boizard (Paris, 1714, 2 vol. in-12), dans un chapitre anonyme, mais qui est de Hindret de Beaulieu, inspecteur général des monnoies : Traité pour l’instruction des directeurs et des ouvriers des monnoyes de France… p. 7-9.
  2. Peut-être Saint-Amant fait-il allusion ici aux maisons
    bâties par Gorge ou Monléron, ou autres héros des Caquets de l’Accouchée. (Voy. Caquets de l’Accouchée, Bibl. elzev., passim.)