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Que nos tresors soient epuisez
Pour des affaires d’importance ;
Qu’on rongne aux moines la pitance[1],
J’en nommeray l’arrest divin,
Pourveu qu’à la noble assistance
L’on ne retranche point le vin.

Qu’en Portugal un nouveau Jean[2]
Chastre le sceptre de Philippe ;
Que la Seine domte en un an

    les uns s’en exemptant par les privileges et concessions attribuez à leurs charges et offices, les autres ayans obtenu de nous des lettres de noblesse, sans nous avoir rendu, depuis l’obtention d’icelles, aucun service… : d’où vient que, sur les impositions de nos tailles, crues et subsistances…, il arrive tant de non-valeurs…, ce qui n’arriveroit si tous les corps de notre État portoient selon leurs farces les charges d’icelui…

    « À quoi voulant pourvoir et faire contribuer tous une sujets egalement auxdites charges, comme étant les seuls moyens certains et assurez pour la subsistance de nostredit État et soulagement de nos sujets…

    « À ces causes, nous avons, par ce present edit, perpetuel et irrevocable, dit, statué et ordonné, disons, statuons et ordonnons…, etc. » — Louis XIII, on le voit, entroit en pleine révolution : la suppression des priviléges, l’égalité perpétuelle et irrévocable des charges. — 1789 n’est pas allé plus loin, sinon en fait.

  1. « Le cardinal de Richelieu eut, avant de mourir, la satisfaction de voir la pluspart de ses abbayes dans la reforme… ayant mande ses intentions là-dessus à chaque couvent dans les termes les plus exprès qu’il put : « Le desir que j’ay de purger toutes mes abbayes des desordres et licences qui s’y sont glissés… » m’a porté à « y etablir les peres religieux reformez. » (Aubéry, Hist. du card. de Richelieu.)
  2. Les Portugais, après l’échec des Espagnols à Arras, se révoltèrent, et prirent pour roi Jean de Bragance, sans aucune effusion de sang. — On voit combien fut par là châtré, comme dit Saint-Amant, le sceptre de Philippe IV.