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Le malheureux soudart mesure et mord la poudre :
Je luy baise les mains, je n’en veux plus descoudre ;
Mais de la satirique, où l’on mord plaisamment,
Où l’on verse à flots noirs de l’encre seulement,
Où la plume est l’espée avec quoy l’on s’escrime,
Où de joyeux brocards la sottise on reprime,
Bref, où ceux que l’on blesse, au lieu de s’en fascher,
Sont pour leur propre honneur contraints d’en riocher.




LES POURVEUS BACHIQUES.

caprice.


Que les cohortes du Sophy[1]
Aillent reprendre Babilone ;
Qu’il envoye au Turc un deffy
Comme la Gazette nous prosne ;
Que tout soit reduit à l’aumosne,
Mon cher Comte, il ne m’en chaut pas,
Pourveu que Bachus, dans son trosne,
Preside à ce noble repas.

Qu’avec le fouet des convenans[2]
L’Escosse estrille l’Angleterre ;
Qu’on face porter aux manans
L’espadon ou le cimeterre ;
Que l’on arme toute la terre,

  1. Sous le règne du sultan Amurat IV l’Intrépide, plusieurs expéditions furent dirigées contre la Perse pour occuper l’esprit turbulent des janissaires. — Ce qui suit prouve que Saint-Amant fait allusion à une guerre faite en 1640.
  2. À la suite du procès de Hampden, qui avoit mieux aimé