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Et l’advocat sottement curieux[1] :
Mille secrets nous en pourrons apprendre ;
Ils nous diront comment il s’y faut prendre
Pour fagotter quelque gentil rondeau,
Qui desarçonne et Victor et Brodeau.
Mais sans besoin ce charme je propose,
Puisque, la grace à la metempsicose,
On les voit tous ayant la plume en main :
Gilles, Le Blanc, Du-Lot[2] et Vieux-Germain[3].




L’AVANT-SATIRE.

caprice.


Apollon, qu’est-ce cy ? qu’a-t’on fait à Pegaze ?
Au diantre l’animal ! Luy qui, plus doux qu’un aze[4],
Se laissait autrefois librement approcher,
Qui d’aise hennissoit me sentant approcher,
Comme un de ses parens alors qu’il sent l’avoine,
Ou comme auprez d’Alis hennit un maistre Antoine,
Ronfle, bat le pavé, ne me peut plus souffrir,

  1. L’advocat curieux paroît désigner Est. Pasquier, avocat du roi, l’auteur des Recherches de la France.
  2. Ce poète royal et archiépiscopal, comme il s’appelait, a mis en vogue les bouts-rimés. Il étoit fou. Sarasin a écrit un charmant poème : Dulot vaincu, ou la Défaite du bouts-rimés. — Dans I’Avant-Satyre, Saint-Amant a forgé le verbe dulotizer.
  3. C’est évidemment Neuf-Germain, le poéte hétéroclite de Monseigneur frère unique du roi. — Il a été célébré par Voiture, qui a imité ses vers, dont les rimes étoient formées par les syllabes du nom des personnes qu’il chantoit. Voy. aussi Tallemant des Réaux. — Son portrait, in-4 et en pied, a été gravé par Brebiette. (Tallemant des Réaux, IV, 113.)
  4. Un âne.