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Qu’en suitte d’eux il convient que l’epistre,
Le lay pleurard, le virelay belistre[1],
L’enigme[2] goffe[3] et l’embleme pedant,
Sur nostre esprit reprennent ascendant ;
Qu’il faut enfin que le diantre on revoye,
Que le rebus ses deux LL desploye[4],
Et qu’à son flanc le cocq-à-l’asne[5] aussi
Ergottant tout vole et rechante icy.
Çà, faisons mieux, barbotons les paroles
Que la magie enseigne en ses escoles ;
Traçons un cerne et prononçons tout bas :
Morric, morruc, tarrabin, tarrabas ;
Qu’à ces grands mots, horreur des cimetieres,
Sortent en chats grondans par les goutieres

  1. On trouve peu de lais et de virelais parmi les modernes. Dans nos anciens poètes même, « l’usage est si rare de ces deux sortes de poemes, qu’il y a fort peu de personnes qui le cognoissent », dit P. Delaudun d’Aigaliers (Art poèt., 2, 15) ; et, après avoir ajouté : « (Je) ne trouve pas qu’aucun des bons poetes s’y soit amusé », il cite un virelay de lui-même et un lay d’Alain Chartier.
  2. On a de l’abbé Cotin un Recueil des énigmes de ce temps, Paris, Loyson, 1661, 3 parties, in-12. — On voit par là la vogue du genre : Boileau lui-même y a sacrifié.
  3. Goffe, mal fait, mal bâti. — De l’italien goffo.
  4. Ici l’exemple suit de près le précepte.
  5. « Le cocq-à-l’asne, dit d’Aigaliers, est un poeme qui est fort different en propos, comme son nom le porte ; car, ainsi comme il y a une grande difference d’un coq à un asne, aussi y a-il grande difference de parler d’un prince et d’un ours, et ainsi d’autres. Le sujet du coq-à-l’asne est la reprehension des vices des hommes. Les coq-à-l’asne des Latins sont les satyres comme de Horace, Juvenal, Perse… On le fait de toutes sortes de vers. » — D’Aigaliers écrivoit ce passage en 1597. Vingt ans plus tard, il auroit eu un François, Regnier, à ajouter aux satiriques lutins.