Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/363

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le jeu ne vaut pas la chandelle,
Et rien ne paroist sur le port ;
Ce trou, ce poulier maritime
Est une trop basse victime
Pour la mousche qui nous espoint,
Et puis je ne fay nulle estime
Des villes qui ne fument point.

Qu’y ferions-nous, mon cher Faret ?
Nous n’y trouverions rien à frire ;
Et c’est bien là qu’on pourrait dire :
Et pas un pauvre cabaret[1]
Jamais broche n’y connut atre :
Le monstre etique au front de platre
En exclut tous les banqueteurs ;
Bref, ce lieu n’est pas un theatre
Convenable à nos fiers acteurs.

Icy ma verve cessera :
Fendons la Mediterranée ;
Je voy bien que cette journée
En desbauche se passera.
Nous n’y combatrons que du verre
Ô l’agreable et douce guerre !
Qu’elle rend les cœurs esjouys !
Adieu le fort, adieu la terre,
Et vive le grand roy Louys !

  1. On se rappelle les imprécations de Saint-Amant contre la ville d’Evreux :

    On y voit plus de trente eglises,
    Et pas un pauvre cabaret.

    Nous citerons une exception bien rare en notre temps. À Préfailles, en Bretagne, on chercherait en vain une auberge hors de la saison des bains de mer.