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Craignans leur ruine totale,
Elles se sont allé cacher,
Et que nostre valeur fatale
Les y fera long-temps jucher.

Ainsi, mais d’un autre moyen,
La bonne femme Berecinte,
Par une favorable quinte,
Sauva les barques du Troyen.
Il les vit proche des arenes
S’esbatre en forme de Sirenes
Et sur le flanc, et sur le dos,
Où, peu devant, de leurs carenes,
Elles avoient trenché les flos.

Nous voicy tantost arrivez
Vis-à-vis de Calpe et d’Abile,
Dont la bouche en contes habile
Vente les faistes eslevez.
Voilà l’une et l’autre colonne ;
Icy regne une gent felonne
D’Alarbes traistres et brigans,
Et la vit celle que Bellonne
Enfle de complote arrogans.

Il faut, il faut les mettre à sac
Ces deux bicoques adversaires ;
Allons, en diables de corsaires,
Reduire leur faste au bissac ;
Donnons dessus leur fripperie
D’une tonnante batterie,
Ô braves et hardis nochers !
Et faisons voir avec furie
Des vaisseaux douter des rochers.

Non, gardons pour un digne effort
Nostre ardeur vaillante et fidelle :