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la date du 12e febvrier 1644, des soixante et une page in-4° qui le composent.

Le séjour de Saint-Amant à Paris fut plus agréable, ou du moins plus fructueux. En 1645, en effet, Marie-Louise de Gonzague accepta la main et le trône de Ladislas-Sigismond, roi de Pologne, lequel mourut peu après. Son frère, l’ex-jésuite et cardinal Casimir, fut son successeur comme roi et comme époux : il prit pour femme, en 1649, la veuve de Ladislas. L’abbé de Villeloin, le sieur de Marolles, jouissait alors d’une immense réputation et d’une non moins grande influence auprès de la nouvelle reine, dont il avoit été le précepteur. Il mit son crédit au service de ses amis, entre autres de Saint-Amant. Dans ses Mémoires, en effet, à la date de 1645, on lit : « La reine de Pologne mit en considération l’estime que je luy avois toujours faite des vers de M. de Saint-Amant, qu’elle avoit ouï quelquefois de ses poèmes sérieux avec beaucoup de plaisir, et le retint au nombre des gentilshommes de sa maison, avec une pension de trois mille livres, qu’elle lui octroya par brevet et qu’elle fit expédier exprès. »

Ainsi, voilà Saint-Amant à la reine de Pologne, comme il avoit été au duc de Retz le bonhomme, puis au comte d’Harcourt ; mais toute sa vie il se regarda comme indépendant. Ainsi, un jour qu’il dînoit à la table du co-adjuteur, il put se permettre, dit Tallemant, cette parole, devant une assemblée de valets : « J’ai cinquante ans de liberté sur la tête. »

La reine de Pologne avoit pour secrétaire de ses commandements M. des Noyers, ami du poète, qui ne le servit pas moins que l’abbé de Marolles auprès de leur protectrice commune. Saint-Amant contracta envers la reine de Pologne, des Noyers et l’abbé de Marolles, une triple dette, qu’il paya en pièces de toute sorte.

Dans un Sonnet à la reine de Pologne, il parle de l’amour qu’elle a inspiré « au plus grand roy du pôle », mais ne dit mot des visites nocturnes qu’elle recevoit de Cinq-Mars, ni des lettres qu’elle lui écrivit, et qui faillirent tant la compromettre lorsqu’il mourut.