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À l’imiter met tous ses soins ;
Nul fuyard d’elle ne s’eschappe.
Elle se herisse, elle jappe,
Elle roulle des yeux ardents,
Et montre à tout ce qu’elle attrappe
Combien vaut l’aulne de ses dents.

La Nimphe[1], aprise à naviguer
Depuis le jour qu’elle eut pour barque
Le dos feint du lascif monarque
Qu’Amour fit mugir et voguer,
Mettant le courage en besongne,
S’esmeut, s’aigrit et se renfrongne
Comme au choc fait l’horrible seur,
Et pour nous hardiment empoigne
Les armes de son ravisseur.

Celle qui[2] dispose à son gré
De toutes les grandeurs mondaines,
Et dont les actions soudaines
Confondent merite et degré,
L’aveugle qui sur une roue
Du destin des mortels se joue
Ainsi que le vent du festu,
Nous suit, et fait que l’on advoue
Qu’elle ayme aujourd’huy la vertu.

Le doux reconfort des espris
En quelque ennuy qui les oppresse,
L’Esperance[3], avec allegresse
Flatte nos travaux entrepris ;

  1. La nimphe, etc. : c’estoit I’Europe, vaisseau du vice-admiral. (S.-A.)
  2. Celle qui, etc. : c’estoit la Fortune, vaisseau du contre-admiral. (S.-A.)
  3. L’Espérance, vaisseau. (S.-A.)