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Comme pour Lede il fit un jour[1]
J’estime qu’il en veut descoudre
Plutost en guerre qu’en amour.

Un jeune Aigle[2] qui depuis peu
Hors de l’aire a fait sa sortie,
Après luy porte une partie
De ces horribles traits de feu ;
Rien que carnage il ne respire,
Qui le choque a tousjours du pire ;
Et, sifflant d’un courroux amer,
ll vaincroit l’aigle de l’empire
S’il se hazardoit sur la mer.

Un Griffon[3] moins amy de l’or
Que de l’honneur qui nous anime
Contre l’Espagnol s’envenime
Et sur luy veut prendre l’essor ;
De ses ailes il fend les nues,
Et couppant les vagues chenues,
Bien garny d’ongles et de bec,
Par des bravades continues
Il tient tout le monde en eschec.

Outre ces illustres voleurs,
De nobles animaux de terre,
Sillonnans l’onde en cette guerre
Morguent avec nous les malheurs.
Au premier rang, une Licorne[4],

  1. Lede pour Leda. — Ailleurs, mais pour la rime, qu’il fait toujours pour les yeux comme pour l’oreille, Saint-Amant dit calis pour califs. D’autres noms sont encore travestis à la française : Tirésie, Orque, pour Orcus, Tirésias.
  2. Aigle, vaisseau. (S.-A.)
  3. Griffon, vaisseau. (S.-A.)
  4. Licorne, vaisseau. (S.-A.)