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Y font la court au pavillon[1] ;
Icy, l’or brillant sur la soye
En une grande enseigne ondoye
Superbe de couleur et d’art,
Et là richement se désploye
Le grave et royal estendart.

Le portrait du fameux chapeau
Devant qui le turban supreme
Tremble, et n’est en sa peur extreme
Qu’un beguin cresté d’oripeau,
Ornant d’une auguste manière
Cette martiale banniere,
Nous arme mieux qu’un morion
Pour briser la teste derniere
Du rogue et nouveau Geriou.

Ce digne atout du plus grand chef
Qui du timon ait sceu l’usage
À l’adversaire ne presage
Qu’un dur et tragique mechef ;
Cette lumineuse figure
Est l’astre de mortelle augure
Dont la rougeur le fait palir,
Et que l’ombre la plus obscure
Pour luy ne peut ensevellr.

Mais au lieu qu’il s’esvanouit
Au feu de sa pourpre eclalante,
Mon œil, sur la face inconstante,
À son aspect se resjouit :
C’est la vive ardeur qui m’allume ;
C’est l’objet qui donne à ma plume

  1. Pavillon, c’est la principale enseigne, qui est blanche, et que l’admiral porte seul au grand mast. (S.-A.)