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Tel qu’un aigle irrité qui fond dessus la proye,
Il fond sur l’Espagnol, il le heurte, il le ront,
Et d’un bras glorieux se couronnant le front,
Du superbe ennemy les lauriers il foudroye.

Les isles du Levant avoient connu son cœur,
Quand il s’en vint chercher, sous un astre vainqueur,
En un plus ample champ une plus noble guerre ;

Mais, à voir les exploits qu’il a faits aujourd’huy,
Je pense avec raison qu’enfin toute la terre
Sera, comme la mer, trop estroite pour luy.




ARRAS PRIS[1].

SONNET


Ces fiers et beaux rampars ceints de vastes abîmes,
Ces tours, de l’art humain les rochers sourcilleux,
Cedans aux durs efforts d’un siege merveilleux,
Ont enfin reconnu nos armes legitimes.

Ceux qui les deffendoient ont esté les victimes
Offertes au demon fatal aux orgueilleux,
Et tant plus leur abord s’est montré perilleux,
Tant plus nos conquerans ont paru magnanimes.

  1. L’Artois a fait long-temps partie de la Flandre occidentale. Il fut réuni au domaine de la couronne en 1180, par le mariage de Philippe-Auguste avec Isabelle de Hainaut. Jeanne, fille de Philippe le Long, le porta en dot à Eudes IV de Bour-