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Les cygales et les grillons,
Traversant en paix les sillons,
Près d’elles taschoient à se rendre.
Et les plus rudes vents, de merveille comblez.
Dans le plaisir de les entendre,
Souffloient moins qu’il ne faut pour agiter les blez.

Cependant, ô roy sans esgal !
Ô reyne qu’un nœud conjugal
Sous un si beau sort apparie !
Tout ce qui venoit là de l’aube ou du couchant
Tesmoignoit que, sans flaterie,
C’estoit pour le discours plustost que pour le chant.

C’estoit pour complaire au desir
D’ouir reciter à loisir
Vos perfections admirables,
Apprenant qu’en l’estat qui vous fait reverer
On vous diroit incomparables,
N’estoit que l’un à l’autre on vous peut comparer.

Ô clair ornement de nos jours !
Couple sacré, le vray recours
De toutes les vertus ensemble,
Vueille l’esprit fatal qui regit les humains
D’un sceptre sous qui l’enfer tremble,
Laisser cent ans le vostre en vos royales mains !

Vueille continuer le ciel
À vous faire gouster le miel
Des heureux presens de Lucine !
Et puissent ces doux fruits de vos affections
Monstrer comme de leur racine
ll ne peut provenir que d’illustres scions.