Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/307

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Bref, c’est la source des miracles
Dont se sont enrichis les plus nobles romans.

Mais ny ce parfait Amadis,
Supreme honneur du temps jadis,
Ny cette admirable Oriane,
Ne pourroient aujourd’huy faire comparaison,
Sans une vanité profane,
Avec ce couple sainct qui regne en leur maison.

Le soleil n’a rien veu de tel ;
Il n’est point de sage mortel
Qui ne le revere en son ame,
Et qui n’avoue aussi que le vainqueur des dieux
N’embrasa jamais de sa flame
Deux plus dignes objets ni plus cheris des dieux.

Pour moy, faisant reflexion
Sur la fidelle passion
Où leur chaste cœur s’abandonne,
Et voyant tant de gloire en leurs feux esclater,
Je croy que leur triple couronne
Vaut moins que celle-la qu’Amour leur fait porter.

Ô roy qui marches sans esgal,
Ô reyne qu’un nœud conjugal
Sous un si beau sort apparie ;
Prodiges d’amitié, de vertus et d’appas !
Grand Charles, divine Marie.
Qu’on seroit criminel de ne vous louer pas !

Certes, tout le temoigne bien,
Puis qu’en la nature il n’est rien
Qui ne celebre vos merites,
Que le plus insensible en a du sentiment
Et que vos graces sont escrites
En vives lettres d’or au front du firmament.