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Monté sur l’eschelle du temple[1],
J’ay publiquement defendu
Ains pieça, los, jaçoit, ardu,
Soulas, opter, blandice, encombre[2] ;
Et, m’escrimant, ainsi qu’une ombre,
Dans mes discours superlatifs,
Pour les mignards diminutifs,
Ay prouvé par raisons notoires
À tous les porteurs d’escritoires,
Que, comme de mil vient millet,
Ainsi de mail vient ton Maillet,
Nom dont, par une prevoyance
De nos amours, c’est ma croyance,
Le fatum exprès m’a pourveu,
Pour que de toy mieux fusse veu.
Ha ! ma vieillottine Perrette !

  1. Cette échelle, placée au coin de la rue du Temple et de la rue des Vieilles-Audriettes, étoit, comme plusieurs autres qu’on voyoit dans divers endroits de Paris, des marques de haute justice. Elle fut brûlée un jour d’orgie par plusieurs gentilshommes dont une chanson mss. nous a conservé les noms de Rouville, Candele, Brissac, Coulon et le marquis de Ville.
  2. On lit, au sujet de ces mots, dans la Requête des dictionnaires de Ménage :

    Ces nobles mots : moults, ains, jaçoit,
    Ores, adonc, maint, ainsi-soit,
    A-tant, ai-que, piteux, icelle,
    Trop-plus, trop-mieux, blandice, isnelle.
    Pieça, tollir, illec, ainçois…

    sont défendus par

    … de Gournay la pucelle.

    Ajoutons que Fénelon et La Bruyère les regrettent ; que plusieurs des mots protégés par la Fille d’alliance de Montaigne sont parvenus jusqu’à nous avec honneur.