En maint endroit leur rime platte
Me fait espanouyr la ratte.
Mais il est temps de commencer :
Debout, Margot, il faut dancer.
Lors que ce chardon de Parnasse[1]
Ce vain espouvantail de classe,
Ce pot-pourry d’estranges mœurs,
Ce moine bourru des rimeurs,
- ↑ L’auteur désigne ici Maillet, ce poète dont nous avons
parlé note 1, p. 139. Nous ajouterons, pour compléter le portrait qu’en fait Saint-Amant, ce qu’ont dit de lui Fr. Colletet
(loc. cit.) et Théophile : « Je ne sçay pas comme il se pourroit
desmesler d’un compliment amoureux, car, a ce que m’a dit
mon père (G. Colletet), sa mine austère, ses yeux hazards (sic),
son poil confus et meslé, sa taille haute et courbée, ses habits
peu somptueux et souvent en lambeaux, enfin son entretien
rustique et sauvage, me persuadent assez que, dans sa pensée
et dans sa veue, il n’estoit pas un Adonis, ny un Médor dans
l’esprit de son Angélique. Si, dans toutes ses actions, il se fût
conduit selon les règles de la prudence humaine, il ne se fût
pas rendu, comme il fit depuis, le jouet des grands et du peuple mesme, qui commença à le considérer comme un esprit
bourru et melancholique, que l’on voyoit tousjours bizarre et
tousjours resveur… Théophile fut un des premiers qui l’entreprit, car c’est de luy dont il parle, dans une de ses premières élegies, en ces termes :
Mais cet autre poëte est bien plein de ferveur ;
ll est blesme, transy, solitaire, resveur ;
La barbe mal peignée, un œil branslant et cave,
Un front tout refrogné, tout le visage have,
Ahanne dans son lict et marmotte tout seul.
Comme un esprit qu’on oit parler dans le linceul.
Grimasse par la rue, et, stupide, retarde
Ses yeux sur un objet sans voir ce qu’il regarde.Ce tableau assez bien fait excite notre illustre amy Saint-Amant d’encherir encore par dessus. » — Le chevalier de Cailly a fait aussi un quatrain contre Maillet, et Meynard deux sonnets.