Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
211
crotté.

En maint endroit leur rime platte
Me fait espanouyr la ratte.
Mais il est temps de commencer :
Debout, Margot, il faut dancer.
Lors que ce chardon de Parnasse[1]
Ce vain espouvantail de classe,
Ce pot-pourry d’estranges mœurs,
Ce moine bourru des rimeurs,

  1. L’auteur désigne ici Maillet, ce poète dont nous avons parlé note 1, p. 139. Nous ajouterons, pour compléter le portrait qu’en fait Saint-Amant, ce qu’ont dit de lui Fr. Colletet (loc. cit.) et Théophile : « Je ne sçay pas comme il se pourroit desmesler d’un compliment amoureux, car, a ce que m’a dit mon père (G. Colletet), sa mine austère, ses yeux hazards (sic), son poil confus et meslé, sa taille haute et courbée, ses habits peu somptueux et souvent en lambeaux, enfin son entretien rustique et sauvage, me persuadent assez que, dans sa pensée et dans sa veue, il n’estoit pas un Adonis, ny un Médor dans l’esprit de son Angélique. Si, dans toutes ses actions, il se fût conduit selon les règles de la prudence humaine, il ne se fût pas rendu, comme il fit depuis, le jouet des grands et du peuple mesme, qui commença à le considérer comme un esprit bourru et melancholique, que l’on voyoit tousjours bizarre et tousjours resveur… Théophile fut un des premiers qui l’entreprit, car c’est de luy dont il parle, dans une de ses premières élegies, en ces termes :

    Mais cet autre poëte est bien plein de ferveur ;
    ll est blesme, transy, solitaire, resveur ;
    La barbe mal peignée, un œil branslant et cave,
    Un front tout refrogné, tout le visage have,
    Ahanne dans son lict et marmotte tout seul.
    Comme un esprit qu’on oit parler dans le linceul.
    Grimasse par la rue, et, stupide, retarde
    Ses yeux sur un objet sans voir ce qu’il regarde.

    Ce tableau assez bien fait excite notre illustre amy Saint-Amant d’encherir encore par dessus. » — Le chevalier de Cailly a fait aussi un quatrain contre Maillet, et Meynard deux sonnets.