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Tes plus beaux feux r’allume ;
ll t’en conjure à haute voix,
En menant son limier au bois.

Mouille promptement les guerets
D’une fraische rosée,
Afin que la soif de Cerès
En puisse estre appaisée,
Et fay qu’on voye en cent façons
Pendre tes perles aux buissons.

Ha ! je te voy, douce clarté,
Tu sois la bien venue :
Je te voy, celeste beauté,
Paroistre sur la nue,
Et ton estoile en arrivant
Blanchit les costaux du levant.

Le silence et le morne roy
Des visions funebres
Prennent la fuite devant toy
Avecque les tenebres,
Et les hyboux qu’on oyt gemir
S’en vont chercher place à dormir.

Mais, au contraire, les oyseaux
Qui charment les oreilles
Accordent au doux bruit des eaux
Leurs gorges nompareilles,
Celebrans les divins apas
Du grand astre qui suit tes pas.

La Lune, qui le voit venir,
En est toute confuse ;
Sa lueur, preste à se ternir,
À nos yeux se refuse,
Et son visage, à cet abord,
Sent comme une espece de mort.