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Qu’une dague de cabinet,
Il estocade la tristesse,
Et, la chassant d’autour de soy,
Se vante que la politesse
Ne marche plus qu’avecques moy.

Je me fay friser tous les jours,
On me releve la moustache ;
Je n’entrecoupe mes discours
Que de rots d’ambre et de pistache ;
J’ay fait banqueroute au petun ;
L’excès du vin m’est importun :
Dix pintes par jour me suffisent ;
Encore, ô falotte beauté
Dont les regards me deconfisent,
Est-ce pour boire à ta santé !



LA NAISSANCE DE PANTAGRUEL.

Pour une mascarade[1].


Le jour que je nasquis on vit pleuvoir du sel :
Le soleil, en faisant son tour universel,
De là soif qu’il souffrit beut quasi toute l’onde,
Et pensa d’un seul trait avaller tout le monde.
De là sont provenus tant d’abismes sans eaux,

  1. On donnoit le nom de mascarades à des troupes de masques qui, surtout au temps de carnaval, couroient la ville, et souvent, sous ce déguisement, entroient dans des maisons où il y avoit bal, sans même être invites. V. Mlle de Montpensier, Mémoires.