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Et mille autres jolivetez,
Luy brimballent aux deux costez.
Mais qu’est-ce cy, mes camarades ?
Voicy d’éstranges algarades !
On nous en baille, on nous en vent :
Nous ne bernons plus que du vent,
Et le démon qui la possède,
Mieux qu’il ne fit jamais Salcede,
La rendant ainsi que vous trois
De l’ordre de la Rose-crois,
Droit aux enfers l’a transportée,
Pour estre si bien tourmentée,
Qu’au prix d’elle les Gaufridis[1]
Penseront estre en paradis.
De grâce, officieux fantômes,
Si dans l’empire des atomes,
Où la mort veut que vous viviez,
Par hazard vous la retrouviez,
Prenez, au lieu de couverture,
Quelque vieux drap de sépulture,
Et me la bernez en amy,
C’est à-dire en diable et demy.
Mais d’autant qu’il faut estre quatre,
Quand vous voudrez vous en esbattre,
Je brusle d’un si grand désir
D’avoir encore un tel plaisir,

  1. Salcède, Gaufridis. — Le premier de ces noms nous est inconnu. Le second, qui s’écrit aussi Goffridi et Gauffredy, est celui d’un curé d’une paroisse de Marseille qui fut brûlé vif à Aix, le 30 avril 1611, comme sorcier. M. de Monmerqué, dans ses notes sur Tallemant, cite à consulter sur lui l’Histoire admirable de la possession et conversion d’une pénitente séduite par un magicien, par le R. P. Séb. Michaelis (Paris, 1613). — Un membre de sa famille, Jacques Gauffredy, fût décapité en 1670. V. Tallemant éd. in-18, 8, 27.