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Ce n’est pas là ce qu’il nous faut :
Je veux que ton stile se change
Pour achever cette louange.
Encore un coup donc, compagnons,
Du beau Denys les vrais mignons,
Sus ! qu’à plein gosier on s’escrie :
Beny soit le terroir de Brie !
Pont-l’Evesque, arriere de nous !
Auvergne et Milan, cachez-vous !
C’est luy seulement qui merite
Qu’en or sa gloire soit escrite ;
Je dis en or avec raison,
Puis qu’il feroit comparaison
De ce fromage que j’honore
À ce metal que l’homme adore :
Il est aussi jaune que luy ;
Toutefois, ce n’est pas d’ennuy,
Car, si tost que le doigt le presse,
Il rit et se creve de gresse.
Ô ! combien sa proprieté
Est necessaire à la santé !
Et qu’il a de vertus puissantes
Pour les personnes languissantes !
Rien n’est de si confortatif ;
C’est le meilleur preservatif
Qu’en ce temps malade et funeste
On puisse avoir contre la peste.
Mais cependant que je discours,
Ces goinfres-ci briffent tousjours,
Et voudroient qu’il me prist envie
De babiller toute ma vie.
Holà ! gourmands, attendez-moy !
Pensez-vous qu’un manger de roy
Se doive traitter de la sorte ?
Que vostre appetit vous emporte !