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Que je tasche à te faire rire
Quand je ne fay rien que pleurer !

Gouspin[1], après t’avoir quitté,
M’a traisné dans sa belle chambre,
Où mesme au plus fort de l’esté
On treuve le mois de decembre.
Pour moy, je ne puis concevoir
Par quel moyen, ny quel pouvoir,
Mon corps a passé par la porte,
Car je te le jure entre nous
Qu’un rat, ou le diable m’emporte,
N’y sçauroit entrer qu’à genous.

Son petit ladre de valet,
Reste de la guerre civile,
Revient chargé comme un mulet

    dans les œuvres de Saint-Amant, dont il étoit un des meilleurs amis. Il ne faut pas confondre celui-ci avec Jacques Le Carpentier de Marigny, de Nevers, le chansonnier de la Fronde, auteur d’un poème du Pain bénit. Dans une réponse faite à ce poème (Paris, 1673, in-12 ; Bibl. de l’Arsenal, n° 8,250 B. L.), on le donne comme disciple de Saint-Amant :

    Cuistre de Saint-Amant, il suivit son génie.
    Le débauché fameux, illustre par ses vers,
    Sait former son esprit sur des talents divers.
    Tout jeune qu’il étoit, il suivoit sa fortune…

    Celui dont il s’agit ici, Marigny-Mallenoë, autre fou, autre ami de Saint-Amant, fut marié, différent en cela de l’abbé-chanoine Le Carpentier de Marigny, gentilhomme nivernois ou soi-disant tel, et vécut en Bretagne, où il avoit le gouvernement de Port-Louis. C’étoit une espèce de philosophe cynique, dit Tallemant, qui lui a consacré une de ses plus curieuses historiettes. (Tellement, 6, 207.)

  1. Goupin. Je pense que Saint-Amant a pris ici un nom de fantaisie. Dans le patois normand, gouspin signifie gamin, luron. (V. le Dictionnaire du patois normand, par M. Duméril.)