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Par ton sainct portrait que j’esbauche
En m’enluminant le museau
De ce trait que je boy sans eau ;
Par ta couronne de lierre,
Par la splendeur de ce grand verre,
Par ton thirse tant redouté,
Par ton eternelle santé,
Par l’honneur de tes belles festes,
Par tes innombrables conquestes,
Par les coups non donnez, mais bus,
Par tes glorieux attribus,
Par les hurlemens des Menades,
Par le haut goust des carbonnades,
Par tes couleurs blanc et clairet,
Par le plus fameux cabaret,
Par le doux chant de tes orgyes,
Par l’esclat des trognes rougies,
Par table ouverte à tout venant,
Par le bon caresme prenant,
Par les fins mots de ta cabale,
Par le tambour et la cymbale,
Par tes cloches qui sont des pots,
Par tes soupirs qui sont des rots
Par tes hauts et sacrés mysteres,
Par tes furieuses pantheres,
Par ce lieu si frais et si doux.
Par ton boucq paillard comme nous
Par ta grosse garce Ariane,
Par le vieillard monté sur l’asne,
Par les Satyres tes cousins,
Par la fleur des plus beaux raisins,
Par ces bisques si renommées,
Par ces langues de bœuf fumées,
Par ce tabac, ton seul encens,
Par tous les plaisirs innocens,