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LA NUICT[1].


Paisible et solitaire nuit,

Sans lune et sans estoilles,
Renferme le jour qui me nuit
Dans tes plus sombres voilles ;
Haste tes pas, deesse, exauce-moy :
J’ayme une brune comme toy.

J’ayme une brune dont les yeux
Font dire à tout le monde
Que, quand Phebus quitte les cieux
Pour se cacher sous l’onde,
C’est de regret de se voir surmonté
Du vif éclat de leur beauté.

Mon lut, mon humeur et mes vers
Ont enchanté son ame ;
Tous ses sentimens sont ouvers

  1. À la suite de « la Madonte du sieur Auvray, tragi-comédie » (Paris, A. de Sommaville, 1631), on trouve les « autres œuvres poétiques du sieur Auvray », et parmi celles-ci une pièce intitulée le Tableau de la nuit, bien inférieure à celle de Saint-Amant. L’auteur a fait de l’esprit jusque dans les errata, qui débutent par cette phrase : « Il est bien difficile qu’une dame sorte de la presse sans y perdre quelqu’un de ses ornemens. Voici ce que Madonte treuve à redire au siens… »