Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut-être, comme il le dit, parcequ’elle portoit « le nom de ce grand Gérard qui fut le célèbre instituteur de ce bel ordre de Saint-Jean de Jérusalem. » C’est là une hypothèse de son orgueil que nous même n’aurions jamais imaginée.

À son retour en France, si l’on en croit quelques auteurs, le père de Saint-Amant aurait pris la gestion d’une verrerie : c’est une erreur. On a appliqué au père une épigramme qui raille un gentilhomme verrier quelconque, et qui, contre l’assertion du Menagiana, démentie dans l’Anti-Baillet, est l’œuvre non de Théophile, mais de Maynard. Théophile, mort en 1626, faisoit déjà le plus grand cas de Saint-Amant, qu’il eut d’ailleurs peu le temps de connoître ; Maynard, mort en 1646, put avoir avec Saint-Amant beaucoup plus de rapports. Toutefois, cette épigramme, que nous avons vainement cherchée dans ses œuvres, figure dans le Cabinet satirique, imprimé en 1618, et cette date ne laisse pas supposer que l’auteur ait eu en vue Saint-Amant, à peine âgé de vingt-cinq ans et encore inconnu. La voici :

Votre noblesse est mince,
Car ce n’est pas d’un prince,
Daphnis, que vous sortez.
Gentilhomme de verre,
Si vous tombez à terre,
Adieu vos qualitez !

Il est peu probable que le père de Saint-Amant ait été un de ces privilégiés qui devoient être gentilshommes pour être admis parmi les ouvriers verriers, et pouvaient exercer sans déroger leur aristocratique industrie. Ce qui est bien certain seulement, c’est que lui-même adressa, vers 1638, au chancelier Séguier, pour obtenir le privilége d’une verrerie, un placet dont le ton léger montre assez que cette faveur lui dut être facile à obtenir. Une lettre inédite de lui et datée de la verrerie, à Rouen, et l’hymne qu’il chanta en l’honneur du chancelier dans la pièce du Cidre, nous apprennent qu’il l’obtint en effet.

Le père de Saint-Amant, presque toujours éloigné de