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L’ARION.

À Monseigneur le Duc de Montmorency[1].


Les sens pleins de merveille et remplis d’allégresse,
J’entrepren de chanter ce beau chantre de Grèce,
Qui, malgré la rigueur des farouches nochers,
Dont les cœurs en la mer sont autant de rochers,
Passa sur un daufin l’empire de Neptune,
Fit de son avanture estonner la Fortune,
Et revit ondoyer, par un decret fatal,
La fumée à flots noirs sur son vieux toit natal.
Grand duc, grand admiral, ornement de la France,
De qui les hauts exploits surpassent l’esperance
Qu’en les plus tendres ans tout le monde eut de toy.
Brave Montmorency, de grace, écoute-moy ;
Escoute ces accors qu’Arion te dedie ;
Contemple un peu son lut, gouste sa melodie,
Et, regissant l’estat de l’ocean gaulois
Sous le joug glorieux de nos augustes lois,

  1. Il s’agit de Henri II de Montmorency, né en 1595, pair et maréchal de France, amiral depuis 1613, qui fut décapité à Toulouse le 30 octobre 1652. Protecteur des gens de lettres, le généreux duc n’abandonna jamais Théophile, à qui il faisoit une pension.