Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cette époque conservés à Rouen. Cependant, sur l’indication de Farin, nous avons trouvé dans l’église Saint-Laurent de Rouen un tombeau élevé à Jacques Gérard, écuyer, conseiller du roi, qui paroît être de sa famille.

Nous ne prétendons toutefois conclure de là ni que Saint-Amant ait été catholique de naissance, bien qu’il l’ait été certainement plus tard, ni surtout qu’il fut d’une illustre origine. Tallemant affirme que « c’est peu de chose que sa noblesse. »

Le nom de Saint-Amant étoit à la fois celui d’une seigneurie, d’une baronnie et d’un marquisat, triple souche d’où sortirent des branches qui n’ont rien de commun avec celle de notre poète. Il étoit étranger aussi à la famille de ce Saint-Amant, riche d’argent, pauvre de titres, qui donna sa fille au comte de Grignan, petit-fils de Mme de Sévigné, et mit, selon l’insolente expression de Saint Simon, du fumier sur une bonne terre.

Rouen n’a conservé aucun souvenir bien précis de la famille de Saint-Amant ; nous ne la connaissons que par ce qu’il en dit lui-même.

Il eut deux frères, qui tous deux tombèrent aux mains des Mahométans. Ils alloient ensemble chercher aux Indes orientales la fortune qu’ils ne trouvoient pas au logis ; mais, à l’entrée de la mer Rouge, leur navire fut attaqué par un vaisseau malabare qui venoit de la Mecque. L’un d’eux fut tué ; le cadet, après l’avoir généreusement vengé, parvint à se sauver à la nage, et depuis servit dans la cavalerie sous le comte de Mansfeld, fut cornette-colonel d’un régiment françois en Suède, commanda un vaisseau sur l’escadre du comte d’Harcourt, et mourut glorieusement, dans l’île de Candie, au service de la république de Venise, qui fit écrire à Saint-Amant une épître flatteuse pour sa mémoire.

Son père, après avoir commandé pendant vingt-deux ans une escadre de la reine Élisabeth d’Angleterre, fut trois ans prisonnier dans la Tour-Noire à Constantinople, et revint mourir en France. Un de ses oncles resta long-temps aussi prisonnier des Turcs, acharnés par je ne sais quelle fatalité contre la famille de Saint-Amant,