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Et l’on diroit qu’ils se tachent
De la pouvoir retenir.

En la peur qui délibère
De la vaincre à cette fois,
Elle croit que de Cerbère
Ces longs cris sont les abois,
Alors, pensant estre morte,
Sa frayeur devient si forte
Qu’elle n’ose ouvrir les yeux,
Tant la chetive aprehende
De voir l’infernale bande
Remplir de spectres ces lieux.

Durant tout cela, Persée,
D’un effort impétueux,
Redonne à teste baissée
Sur le poisson monstrueux,
Et, luy perçant les entrailles,
Malgré ses dures escailles,
En ce martial esbat,
Son bras en deux coups achevé
Ce qui défaut à son glaive
Pour triompher du combat.

Mais afin que la mémoire
En dure éternellement,
Et qu’on chante sa victoire
Par tout solennellement,
Meu d’une louable envie,
Il veut, avant que de vie
Ce monstre soit despouillé,
En laisser des marques telles,
Que de les voir immortelles
Le Temps soit esmerveillé.

Lors, de la fatale teste
À cet effet il se sert,