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Tel, en fureur, il se jette,
Plus viste qu’une sagette,
Sur son ennemy cruel,
Et d’une profonde playe,
Courageusement essaye
À terminer ce duel.

Le monstre, tout en désordre
Du grand coup qu’il a receu,
Saute après luy pour le mordre,
Mais son espoir est deceu.
Alors la Nue, irritée
De se voir ainsi heurtée,
Se ramasse en tourbillons ;
Puis, soudain, quand il retombe,
La mer, qui sous luy succombe,
Pirouette à gros bouillons.

Tantost jusqu’au fond d’un gouffre
La rage le fait plonger,
Tantost les peines qu’il souffre
Hors de l’eau le font nager.
Il s’arreste, il se tourmente ;
La douleur qui s’en augmente
Luy fait pantheler le flanc,
Et par sa mortelle atteinte
L’onde d’alentour est teinte
De venin meslé de sang.

Toutes ces costes résonnent
De mugissements affreux,
Les Dieux marins s’en estonnent
Dans leurs antres les plus creux.
Ce bruit, venant en l’ouye
D’Andromede esvanouye
À soy la fait revenir ;
Ses fers à demy se laschent,