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Ma juste et mortelle ruse
À sentie à ses despens ;
Et s’il vous estait possible
De voir son visage horrible
Sans périr au mesme instant,
Ma main serait toute preste
De vous en monstrer la teste
Que je cache en la portant.

Il se teut là, pour entendre
Du triste roy, qui pleuroit,
Qu’il avoit droit de s’attendre
À plus qu’il ne requérait,
Car, outre sa chère fille,
Seul honneur de sa famille,
Que l’on luy vouloit oster,
Ses biens, sa personne mesme
Et son propre diadesme
Il le prioit d’accepter.

Muse, laisse là Persée
S’apprester à recevoir
Ce monstre qu’à ma pensée
Tes mystères ont fait voir,
Et, tournant icy ta veine,
Qui d’ardeur est toute pleine,
Vers ce prodige des flots,
Vueille si bien le dépeindre
Qu’il se fasse encore craindre
Aux plus hardis matelots.

Sa teste affreuse et superbe,
Aux marques qu’elle portait,
Du sang tombé sur de l’herbe
Vivement représentait ;
Ses prunelles embrasées
Ressembloient à ces fusées