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sienn. Il y avait parmi ceux qui le suivirent des poètes, des écrivains, des gens versés dans la connaissance des rites, de la musique et de la médecine, des devins, des astrologues, des gens sachant interroger la tortue et l’achillée[1], et de plus, quantité de travailleurs et d’artisans. Arrivés dans le pays de Tch’ao-sienn, comme leur langue n’était pas comprise des indigènes, il se forma parmi ceux-ci des interprètes auxquels on enseigna la poésie et l’art d’écrire ; on leur apprit à connaître les règles concernant la musique et les rites chinois, les relations de père à fils et de prince à sujet, les cinq vertus cardinales[2], on les instruisit des huit articles de lois ; enfin, on leur enseigna à estimer la loyauté, l’exactitude à remplir ses devoirs, l’application dans les lettres. Peu à peu, les indigènes de Tch’ao-sienn adoptèrent les coutumes chinoises ; on leur fit perdre l’habitude de se battre continuellement entre eux, et par la vertu, on ramena à l’obéissance ces natures violentes et indomptables. Les pays voisins admirant cette conduite se lièrent d’amitié avec le nouvel état. Les règlements concernant l’habillement et la coiffure furent identiques à ceux de la Chine. Aussi, on put dire : « Le royaume de Tch’ao-sienn est un royau-

  1. Les anciens chinois consultaient les sorts, soit en plaçant une écaille de tortue sur le feu et en observant les desseins que formaient les fentes qui s’y produisaient, soit avec des brins d’achillée dont on observait la disposition après les avoir jetés au hasard.
  2. jenn, l’humanité ; y, la justice ; li, l’urbanité ; tche, la prudence ; sinn, la loyauté.