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CANDIDATURE ACADÉMIQUE.

riage du dauphin avec l’infante d’Espagne Marie-Thérèse. Dès l’année 1741, l’auteur de la Henriade, de Zaïre, de Mérope, était un des hommes de lettres les plus illustres de l’Europe, et il était choquant qu’il ne fût point entré à l’Académie française ; il avait fallu tout le crédit de ses ennemis et l’aversion de Louis XV pour l’en éloigner. Dans ces conditions, c’était un bon tour que de fausser compagnie aux quarante et de se glisser chez leurs voisins. Là était le côté malicieux du projet ; quant à la pensée de prudence, c’est une chose avérée qu’à cette époque Voltaire désirait un titre quelconque comme un bouclier contre ses ennemis, et, faute de mieux, il devait trouver quelque sûreté à se placer sous l’égide officielle de la science.

Il est certain qu’il affecte à ce moment de tenir les quarante en petite estime et de réserver tout son intérêt pour l’autre académie. On trouve ce point de vue marqué à diverses reprises, pendant cette période, dans sa correspondance. Un jour, par exemple, il a demandé à l’abbé Moussinot de lui envoyer les mémoires de l’Académie des sciences, où sont insérées les pièces qu’elle a couronnées. Moussinot annonce l’envoi de trente et un volumes. Voltaire se récrie ; il lui semble impossible que la collection dont il parle soit si volumineuse ; il faut que Moussinot ait fait quelque confusion ; ce sont sans doute


    plaire à toute la cour avait amené des remaniements sans nombre. On connaît d’ailleurs le sizain auquel nous faisons allusion :

        Mon Henri Quatre et ma Zaïre
        Et mon Américaine Alzire
    Ne m’ont valu jamais un seul regard du roi ;
    j’eus beaucoup d’ennemis avec très-peu de gloire ;
    Les honneurs et les biens pleuvent enfin sur moi
        Pour une farce de la foire.