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MESURE DU MÉRIDIEN.

Cette vérification solennelle donna raison à ceux qui tenaient pour l’aplatissement du sphéroïde terrestre. Les travaux des quatre associés ne purent être réunis et comparés que vers 1743, la mission du Pérou ayant été retardée par divers contretemps ; mais, dès l’année 1736, Maupertuis revint, rapportant les mesures prises en Laponie et dont la comparaison avec les mesures françaises suffisait à la rigueur pour décider la question. Les degrés voisins du pôle étaient décidément les plus longs. Maupertuis proclama ce résultat, en fit retentir tous les échos ; dès l’année 1738, sans attendre le retour de Bouguer et de La Condamine, il publia un livre sur La figure de la terre qui fut considéré comme décisif. Il usurpa ainsi auprès du public la gloire de l’œuvre commune. Les gravures du temps le représentent, en costume de Lapon, écrasant de sa main le pôle du monde, et Voltaire, dont il était alors l’ami, put le féliciter hautement d’avoir « aplati les pôles et les Cassini. » Voltaire fit même graver au bas d’un portrait de Maupertuis le quatrain suivant :

Ce globe mal connu qu’il a su mesurer

Devient un monument où sa gloire se fonde ;
Son sort est de fixer la figure du monde,

      De lui plaire et de l’éclairer.

La mesure des degrés polaires fit tomber la principale défense que le cartésianisme opposait à la physique de Newton. Celle-ci dès lors ne cessa de gagner du terrain, et les Éléments de Voltaire, répandus en France malgré les prohibitions du chancelier Daguesseau, la portèrent dans tous les esprits cultivés.

Les Éléments de la philosophie de Newton sont, comme nous le disions tout à l’heure, un pur ouvrage de vulgarisation, et c’est un lieu commun de faire remarquer combien le talent de