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PRÉFACE.

entièrement nouvelles. Il ne reste plus grand’chose des opinions que l’on professait, il y a trente ans, sur les principaux événements de la vie des peuples ; on a cessé d’admirer les hommes providentiels, de s’attacher au récit des batailles et de mettre en relief tout ce qui brille.

On s’est attaché surtout à voir les faits et les idées dans leur suite naturelle et à chercher la raison de toutes choses en dehors des anciens errements.

Nous avons vu également la philosophie se résoudre en une sorte de critique historique. On a désespéré de trouver dans la métaphysique des données qui eussent quelque valeur intrinsèque ; on s’est borné à faire une histoire des écoles philosophiques et l’on s’est regardé comme très-heureux d’expliquer comment les principaux systèmes, le sensualisme, l’idéalisme, le mysticisme, le matérialisme se remplacent périodiquement, suivant une sorte de pondération et de loi des contrastes.

L’économie politique elle-même a pris des allures historiques. Elle ne s’attache plus guère à des idées absolues et indépendantes du temps ; elle cherche les rapports des faits sociaux avec les circonstances politiques dans lesquelles ils se produisent ; elle fait l’histoire des classes, l’histoire des impôts, l’histoire de la production.

Il n’est pas jusqu’à la médecine qui, voyant sans doute combien elle agit peu sur les vivants, ne se rejette sur les morts. De savants docteurs cherchent dans la poudre des bibliothèques la trace des maladies anciennes, refont