Page:Saigey - Les Sciences au XVIIIe siècle.djvu/227

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sible les questions qu’on lui posait. Il lui fallait bien quelquefois, bon gré mal gré, émettre une opinion ; dans beaucoup de circonstances, il était aussi dangereux de se taire que de parler. Sa cause était d’ailleurs liée jusqu’à un certain point à celle des autres Académies, de l’Académie française, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, des Académies de peinture et de musique, qui toutes étaient menacées.

Un premier décret de la Convention suspendit la nomination aux places vacantes dans les Académies (18 novembre 1792) ; par un singulier hasard, il fut rendu précisément dans une séance où le président de l’assemblée, avec le langage ambitieux de l’époque, avait hautement félicité les membres de l’Académie des sciences sur leurs travaux relatifs aux poids et mesures, « Estimables savants, leur avait-il dit, depuis long-temps les philosophes plaçaient au nombre de leurs vœux celui d’affranchir les hommes de cette différence de poids et mesures qui entrave les transactions sociales ; mais le gouvernement ne se prêtait pas à cette idée des philosophes, jamais il n’aurait consenti à renoncer à un moyen de désunion. Enfin le génie de la liberté a paru, il a demandé au génie des sciences quelle est l’unité fixe et invariable, indépendante de tout arbitraire. Estimables savants, c’est par vous que l’univers devra ce bienfait à la France ! »

C’était là un singulier commentaire au décret du 18 novembre. Aussi Lakanal, qui défendait dans le comité de l’instruction publique les intérêts de l’Académie, espéra-t-il qu’il pourrait en prévenir la ruine. Sur sa proposition, le 17 mai 1793, un nouveau décret permit de pourvoir provisoirement aux places d’académiciens vacantes ; mais bientôt la dissolution fut définitivement prononcée.

Lakanal essaya encore d’atténuer les effets de cette mesure.