Page:Saigey - Les Sciences au XVIIIe siècle.djvu/224

Cette page a été validée par deux contributeurs.
211
LES AGITATIONS DE 1789.

gendre fait connaître ses recherches sur les fonctions elliptiques ; Laplace apporte les premiers fragments de sa Mécanique céleste ; Lavoisier, aidé de Berthollet et de Fourcroy, achève sa victoire sur les anciennes écoles chimiques. Le contraste est complet entre les agitations de la place publique et les paisibles discussions de la savante assemblée.

Cependant les événements se précipitent. L’Académie, malgré le soin qu’elle met à se tenir à l’écart, est entraînée à des communications fréquentes avec l’Assemblée nationale, puis avec la Convention.

Chargée de préparer les éléments de la réforme générale des poids et mesures, elle nomme aussitôt cinq commissions pour ce grand objet : Cassini, Méchain et Legendre s’occupent des mesures astronomiques ; Meusnier et Monge sont chargés de mesurer les bases terrestres avec une rigoureuse précision ; Borda et Coulomb étudient la longueur du pendule qui bat la seconde ; Lavoisier et Haüy déterminent le poids de l’eau distillée ; Tillet, Brisson et Vandermonde, enfin, dressent l’inextricable réseau des mesures anciennes. Toutes ces commissions se mettent à l’œuvre, incessamment pressées par l’assemblée toute-puissante, qui s’étonne que ce qu’elle a décrété ne soit pas aussitôt achevé de tout point.

Sur beaucoup de questions secondaires, l’Académie cherche à éluder les embarras qui résultent pour elle des consultations qu’on lui demande. Elle émet le désir de n’avoir plus à donner son avis sur les indemnités que les particuliers ou les villes réclament au gouvernement. On la consulte sur des données relatives à la question brûlante des subsistances ; elle se retranche derrière des résultats antérieurement acquis. On la consulte sur des engins de guerre, elle argue de sa mission de paix.