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vant que les étamines sont égales ou inégales, rares ou nombreuses. Le système de Linné était-il réellement fondé sur la nature, ou n’offrait-il qu’un arrangement conventionnel ? Il est certain qu’en ne tenant compte que d’un seul organe, il ne pouvait suivre la nature dans tous ses détails, et qu’il devait arriver à des rapprochements forcés ; il devait classer dans le même groupe des plantes étonnées d’une pareille parenté : aussi son système a-t-il été rangé parmi ceux que l’on appelle artificiels.

En regard de ce système viennent se placer ceux qui ont la prétention de suivre la nature pas à pas, et qui prennent en conséquence le nom de méthode naturelle.

Mentionnons d’abord celui d’Adanson, célèbre naturaliste, issu d’une famille écossaise, mais né en Provence. Il publia en 1763 un livre sur les Familles des plantes.

Au lieu de fonder comme Linné sa classification sur un seul organe, au lieu de prendre un seul caractère, il s’efforça de les prendre tous, et s’ingénia à en tenir également compte ; établissant une série de systèmes fondés chacun sur un caractère particulier, il prenait entre eux une sorte de moyenne, et son système général était le résultat de tous ces systèmes partiels.

Les Jussieu, Bernard d’abord, Laurent ensuite, adoptèrent l’idée d’Adanson, mais avec une très-importante modification. Adanson mettait tous les caractères sur la même ligne, il leur donnait à tous une égale importance ; les Jussieu, au contraire, tout en tenant compte de tous les caractères, leur attribuèrent des valeurs très-inégales. Certains traits étaient prépondérants, quelques autres n’étaient admis qu’à titre accessoire. C’est ce que Laurent de Jussieu exprimait en disant que les caractères doivent être « pesés et non comptés ». En établissant l’espèce de