Page:Saigey - Les Sciences au XVIIIe siècle.djvu/215

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Chimie de Lavoisier dans les sciences d’expérience. » En le publiant, Laurent eut soin de le donner comme une sorte de testament du vieillard illustre qui lui avait servi de père et de maître.

Puisque nous ne marchandons pas à la famille des Jussieu ses titres véritables à l’estime de la postérité, on nous permettra de lui en enlever un qui lui est souvent attribué à tort par la voix populaire. La tradition raconte que Bernard de Jussieu rapporta de Syrie une bouture de cèdre du Liban ; pendant une longue et difficile traversée, il aurait nourri le précieux végétal dans son chapeau et aurait partagé avec lui la faible ration d’eau douce dont il pouvait disposer. C’est là une légende, dont il faut rabattre, comme de tant d’autres. C’est bien Bernard de Jussieu qui planta à Paris le cèdre du Liban ; mais la bouture lui fut envoyée de Londres par le botaniste Sherard, et il la transporta, non de Syrie, mais de sa maison de la rue des Bernardins au Jardin du roi.

Comme nous l’avons indiqué, le xviiie siècle se termine, en fait de botanique comme en fait de chimie, par une œuvre du premier ordre. Il faut donc que nous nous arrêtions quelques instants sur ce livre (Genera plantarum), qui résumait les travaux de Bernard et de Laurent de Jussieu. Ce livre fonde réellement la botanique, et c’est là peut-être le plus sérieux des titres scientifiques du siècle.

Depuis longtemps les botanistes sont d’accord sur l’établissement des espèces. L’apparence seule (species), l’aspect extérieur suffit pour déterminer ces groupes qui sont comme le fondement de toute classification. Les individus de même espèce ont entre eux une ressemblance qui frappe tous les regards ; et