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À côté de Buffon et sous sa direction, nous trouvons dans le Jardin du roi une phalange d’éminents collaborateurs. Nommons d’abord Daubenton, compatriote et ami de l’historien de la nature. Il rédigea en partie les premiers volumes de l’Histoire naturelle des animaux ; mais il eut à souffrir d’un contact trop soutenu avec la hautaine personnalité de son ami, et il finit par s’absorber tout entier dans les collections du jardin, dont il fit un magnifique musée. On sait aussi que ce fut Daubenton qui naturalisa en France la race des moutons espagnols à long poil, ou mérinos.

Voici maintenant toute la famille des Jussieu, c’est-à-dire une série de travailleurs assidus et modestes, qui ont fait sans bruit une œuvre considérable et créé en quelque sorte la science des plantes.

Antoine de Jussieu, le premier membre célèbre de cette famille, était fils d’un apothicaire de Lyon[1]. Venu à Paris, il fut distingué par Fagon, qui le choisit à vingt-trois ans (1709) pour remplacer Tournefort comme professeur de botanique au Jardin du roi. Appelé en 1711 à l’Académie, il fut chargé d’une mission scientifique en Espagne, et en rapporta d’excellents mémoires sur les diverses branches de l’histoire naturelle. Antoine éleva et instruisit son jeune frère Bernard, homme rare et éminent, qui amassa des trésors d’observations et qui, sans les produire lui-même, les légua précieusement aux héritiers de son nom.

L’esprit de famille et d’union brilla au plus haut point chez les Jussieu. Dans la petite maison de la rue des Bernardins,

  1. Cet apothicaire, Christophe de Jussieu, était déjà lui-même un homme fort instruit. Il publia en 1708, à Trévoux, un Nouveau Traité de la thériaque qui obtint l’estime des connaisseurs. Il dirigea d’une façon intelligente l’éducation de son fils Antoine, qui fit ses études médicales à Montpellier.